Conformisme journalistique: mieux vaut se tromper tous ensemble

Gardiens du temple en charge d’édicter ce qui relève du bien et du mal, les journalistes portent une lourde responsabilité dans le déroulement de toutes nos guerres modernes. Pourtant, ils ne sont qu’un rouage d’un système plus large, dont leurs lecteurs et auditeurs font partie.

Ils sont toujours prompts à distiller les peurs et précipiter les guerres. Drapés dans leur bien-pensance moralisatrice, ils permettent à tous les fléaux de s’abattre sur les populations. Les ukrainiens du Donbass et ceux de Kiev, les soldats russes et les autres peuvent les remercier. Les victimes de l’absence de soins du Covid ou d’effets secondaires des vaccins, les soignants exclus, les derniers de cordée de l’idéologie libérale de notre président… les saluent amèrement.

Oui ils saluent nos journalistes moralisateurs, car ce sont eux qui sont toujours prêts à faire appel aux sentiments et aux émotions pour justifier leurs attitudes de va-t’en guerre, ce sont eux qui inlassablement trahissent l’honneur de leur profession pour se faire les gardiens d’une élite mondialisée amoureuse de ses privilèges mais qui aime à se parer de nobles vertus.

Illustration de Blob.
Personnages se suivant aveuglément.

Serge Halimi dénonce quelques figures phares dans son livre intitulé Les nouveaux chiens de garde. Il y a effectivement des journalistes très visibles et actifs, signataires réguliers d’éditoriaux enflammés, bien positionnés dans le monde médiatique. Mais Keynes disait qu’en finance « il vaut mieux avoir tort avec tout le monde que raison tout seul ». Cette fine observation ne s’applique pas qu’à la sphère financière ou économique: beaucoup de nos journalistes contemporains ne font que suivre le mouvement. Certes il y a des vendus, des vrais, des idéologues, des vrais, mais il y a aussi toute la masse passive de ceux qui toujours se préservent d’une chute trop rude en hurlant avec les loups.

Et pour hurler, ils hurlent, cette horde de gens comme il faut, de gardiens du monde libre, ces chantres de la vaccination obligatoire qui sont incapables d’en considérer tous les aspects, ces juges de guerre de la Russie qui semblent avoir oublié l’histoire et la géopolitique mondiale, ces défenseurs de la démocratie française qui sont prêts à ne rien voir des trahisons, des bassesses et des délires d’autocrate du petit homme si tristement élu à la tête du pays. Car pour faire partie de la meute, il faut prouver son appartenance en condamnant les ennemis du groupe, il faut exclure pour délimiter proprement le camp du bien.

La bien-pensance mondiale est devenue une pensée tribale, excluant toute opposition. Ces mécanismes d’exclusion de l’opposition doivent être identifiés et dénoncés. Ils comportent de la censure directe, mais aussi des comportements plus insidieux visant à faire sortir tout discours réellement différent de la norme collective. On ne débat plus des questions de fond avec les opposants, on les ridiculise, on les décrédibilise, on répond à côté, quand on ne les fait pas tout simplement taire. Les chiffres ? On n’en débat pas, vous le savez bien. Les mots ? Accordons quelques slogans brandis à coup d’aboiements théâtraux sur des plateaux télévisés, mais évitons les pensées trop riches et les nuances, le peuple pourrait mal comprendre.

Parallèlement à la ridiculisation des pensées dissidentes, les médias dominants sélectionnent et amplifient une information à sens unique: ils choisissent par exemple de dénoncer les affaires sordides de La France Insoumise et pas celles de La République en Marche, pour que nous votions comme il faut; ils choisissent en 2017 de donner 20% du temps de parole à un nouveau parti politique dont le leader n’a aucun mandat d’élu, et trois fois rien à des partis plus anciens et actifs mais souverainistes, comme l’UPR (Union Populaire Républicaine). Ils choisissent d’oublier la pression de l’OTAN sur la Russie et les guerres illégales des États-Unis. Ils choisissent quels sont les bons scientifiques et quels sont les parias, parias qui étrangement sont moins proches de l’industrie pharmaceutiques que les bons, mais c’est probablement le hasard.

Et choisissant pour nous les frontières du bien et du mal, ils nous entraînent dans de grands narratifs épiques basés sur la peur: guerre contre le Covid, guerre contre la Russie, tout est bon tant qu’on mène une guerre contre l’Autre… et qu’on maintient un certain contrôle sur le peuple.

Ce que nous devons retrouver, ce ne sont pas de grands sentiments de pourfendeurs du mal, ce sont nos aspirations profondes et individuelles à la paix, l’harmonie et la vérité, et ce courage humble d’y aller un pas après l’autre, de voir au-delà des discours qu’on nous sert les intérêts qu’on nourrit, de chercher information après information la vérité toute nue, celle qui ne sert aucune idéologie, celle qui ne se dévoile pas au premier abord à nos regards distraits par nos modes de vie confortables.

Alors journalistes réveillez-vous, faites votre travail ! Et vous citoyens, guettez ce qui se passe lorsque vous absorbez les informations de nos chers médias: fait-on appel en vous, même subtilement, à la peur, l’apitoiement, la haine d’un parti contre un autre ? Dévoie-t-on votre capacité d’empathie pour vous faire haïr l’autre camp ? Fait-on appel à vos instincts guerriers et vos envies de gloire ? Ou bien fait-on appel à votre raison, votre humanité et votre sagesse ? Les informations qu’on vous livre vous ouvrent-elles une lecture qui a du sens, ou brouillent-elles vos radars intérieurs dans de faux débats stériles aboutissant uniquement à vous faire déléguer votre pouvoir potentiel avec un soulagement reconnaissant à ceux qui savent ? A chacun ses responsabilités !

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